Emmaüs Europe

Nouveau pacte sur la migration et l’asile : comment sortir des politiques créatrices de misère ?

Chantier de longue date, la Commission européenne relance les travaux vers un « Nouveau pacte sur la migration et l’asile », avec le souhait d’en faire l’un des piliers de sa mandature. Elle a lancé une consultation à laquelle Emmaüs Europe a répondu afin de partager les constats alarmants des groupes européens en matière d’accueil. Au-delà de sa position de principe pour la liberté de circulation, non prise en compte par la commission dans la feuille de route du Pacte, Emmaüs Europe fonde ses propositions sur le constat des nouvelles situations de pauvreté crées par les politiques migratoires actuelles et auxquelles nos groupes font face.

En répondant à cette consultation, Emmaüs Europe souhaite que ces situations soient prises en compte dans l’élaboration du Pacte ainsi que les enjeux écologiques et économiques qui contribuent à l’émigration actuelle et propose que les mesures concrètes de celui-ci s’appuient sur les ambitions suivantes :

  • Mettre fin aux politiques européennes créatrices de misère comme le protocole de Dublin et permettre aux personnes de demander l’asile ou un titre de séjour dans le pays de leur choix.
  • Élargir et améliorer l’accès aux visas humanitaires depuis les pays d’origine des demandeurs d’asile pour éviter les morts sur la route.
  • Re-orienter les fonds issus des impôts européens utilisés pour Frontex vers le financement de l’accueil des demandeurs d’asile (convention de Genève et réfugiés climatiques et économiques) pour permettre d’en accueillir plus et dans des conditions plus humaines.
  • Arrêter des financer des régimes non respectueux des droits humains (Turquie, Libye, etc.) pour gérer les frontières de l’Europe.
Actualités Défense des droits humains / Migrations Union européenne

Emmaüs en Italie

D’après un entretien réalisé avec Marie Balseca, Déléguée nationale de l’Italie au Conseil régional d’Emmaüs Europe et Franco Monnicchi, Président d’Emmaüs Italie.

Pouvez-vous nous raconter les débuts d’Emmaüs en Italie ?

A la fin de l’année 1960, quelques jeunes catholiques qui n’acceptent plus les méthodes caritatives traditionnelles, décident de vivre directement avec les pauvres qui vivent de la récupération. En décembre 1962, l’un d’entre eux, Vincenzo BENCIOLINI, rentre de France où il a passé plusieurs mois dans différentes communautés Emmaüs, et crée la « Communauté des Chiffonniers » de Vérone.

Comment s’est développé Emmaüs en Italie ?

Quelques années plus tard, en 1967, les chantiers internationaux de travail Emmaüs sont organisés au Nord de l’Italie. A travers la réalisation collective d’une activité utile, ces chantiers représentent un lieu privilégié d’échanges, de rencontres interculturelles et d’ouverture. Le succès de cette opération a contribué au développement d’Emmaüs en Italie, qui compte aujourd’hui 27 espaces de vente car certaines communautés disposent de plusieurs boutiques. De façon générale, en comptant les salariés, Emmaüs Italie représente plus de 550 personnes engagées au sein du mouvement. Et nous poursuivons les chantiers de jeunes qui ont notamment permis de créer récemment un nouveau groupe à Palerme !

Quelles sont les principales activités économiques d’Emmaüs en Italie ?

Les groupes effectuent principalement l’activité traditionnelle de récupération, de réemploi et de vente. Il est difficile de comptabiliser le nombre de tonnes de marchandises collectée par an. Pour ce qui est du pourcentage de réutilisation et de recyclage du matériel, cela est très variable d’une communauté à l’autre. Cela peut aller de 30 à 60% de matériel recyclé et remis en vente.

Vous êtes très engagés dans la défense des droits humains. Pouvez-vous nous donner des exemples d’actions que vous menez dans ce domaine ?

Au cours de l’année scolaire et durant les chantiers d’été, une des activités d’Emmaüs Italie est la formation et la sensibilisation sur des thématiques de société : les migrations, les mafias, la traite des êtres humains… Emmaüs Italie soutient également l’opération Mediterranea de sauvetage en mer. Cette mission vise avant tout à faire preuve de solidarité envers les migrants en Méditerranée et à dénoncer les politiques migratoires des gouvernements européens. Depuis octobre 2018, Mediterranea a lancé le bateau Mare Jonio, un navire battant pavillon italien, équipé pour effectuer un monitorage et porter secours en mer. Grace au soutien des autres groupes d’Europe et l’appui d’Emmaüs Europe et d’Emmaüs international, Emmaüs Italie a contribué au financement de ce bateau et est aujourd’hui membre de Mediterranea. La campagne se poursuit encore aujourd’hui ! (Site internet)

Quels sont les enjeux actuels auxquels est confronté Emmaüs en Italie ?

En ce moment, l’organisation nationale est confrontée aux modifications liées à la réforme du secteur associatif et des coopératives sociales (Riforma del Terzo Settore). Ces changements sur le plan institutionnel nous obligent à repenser et à renouveler notre façon de travailler.

La crise actuelle n’a pas modifié notre engagement en faveur des communautés les plus faibles. Nous avons réussi à affronter cette situation grâce à la solidarité interne et à un appel aux dons du public et des fondations. Nous sommes également restés aux côtés des associations qui luttent pour la défense des droits humains. Notre collaboration avec Mediterranea nous oblige toujours à réfléchir sur les relations Nord-Sud, sur la vente des armes, sur le droit des réfugiés et la liberté de circulation.

En outre, cette crise pose le problème de la fragilité du système sanitaire et donc, par la même, de l’importance de promouvoir la justice sociale et de défendre le bien commun de toutes et tous.

Actualités Italie

© Emmaüs Italie

Comment ça marche ?

Chaque été, de nombreux chantiers sont organisés par les groupes Emmaüs dans toute l’Europe. Destinés aux jeunes de plus de 18 ans, ces chantiers d’été proposent de vivre une expérience pleine de sens en partageant la vie d’un groupe Emmaüs pendant une à plusieurs semaines.

S’engager dans un chantier d’été permet de contribuer aux actions d’Emmaüs en partageant le quotidien d’un groupe. C’est agir concrètement pour lutter contre la pauvreté et ses causes. C’est aussi un moment de rencontre et de convivialité, une expérience alternative partagée avec des personnes venues de tous horizons et des jeunes du monde entier.

Informations pratiques

Les dates, la durée, les activités et les sorties organisées sont variables d’un chantier à l’autre mais tous permettent de découvrir les valeurs et les acteur·rices du mouvement en participant à un projet commun. Aucune compétence particulière n’est requise, tout le monde est le bienvenu et pourra contribuer en fonction de ses capacités.

D’un point de vue pratique, le groupe Emmaüs prend en charge les frais de vie pendant la durée du chantier. Le logement et les repas sont ainsi prévus au sein du groupe Emmaüs. Le transport est à la charge du ou de la participant·e.

Comment s’inscrire ?

Pour s’inscrire ou obtenir plus d’information, il suffit de choisir un chantier d’été parmi ceux proposés sur la carte et de contacter directement la personne de référence mentionnée. La date d’ouverture des inscriptions varie selon les chantiers. En général, elles commencent à la fin du mois d’avril ou en mai.

Pour plus d’information, contactez Emmanuel Rabourdin, Responsable solidarités : emmanuel.rabourdin@emmaus-europe.org

Les chantiers d'été

© FIS-Emmaüs

Les députés nouvellement élus pour une Europe sans pauvreté

À l’occasion des élections européennes de 2019, le Réseau européen anti-pauvreté (EAPN) a appelé les candidat.e.s à s’engager pour une Europe sociale et durable, sans pauvreté.

Soutenue par Emmaüs Europe, cette campagne consistait à demander aux candidat.e.s aux élections européennes de signer une déclaration dans laquelle ils/elles s’engagent, lors de la prochaine législature, à prendre les mesures nécessaires pour éliminer la pauvreté au sein de l’Union européenne.

EAPN et ses organisations membres européennes, y compris Emmaüs Europe, ont envoyé une lettre aux député.e.s nouvellement élu.e.s qui ont signé cet engagement. Dans cette lettre, nous leur demandons de transformer leur engagement en actions afin que l’élimination de la pauvreté en Europe se place vraiment en tête de l’agenda politique!

Nous avons adressé trois demandes spécifiques à nos alliés dans le Parlement européen :

  • Soutenir la poursuite de l’intergroupe sur la pauvreté et les droits de l’homme et mobiliser leur groupe politique en faveur de celui-ci.
  • Participer à la «Table ronde sur la lutte contre la pauvreté» le 17 octobre, Journée internationale contre la pauvreté.
  • Reconnaître le rôle important que jouent les personnes en situation de pauvreté dans la lutte contre la pauvreté et s’engager à participer à la 18ème rencontre européenne des personnes en situation de pauvreté.

Nous sommes impatients de travailler avec eux/elles pour une Europe sans pauvreté !

Lutte contre la misère / Solidarité Union européenne