Commission européenne 2024-2029 : austérité et compétitivité
Nous connaissons désormais la liste des commissaires européen·nes proposé·es pour la mandature 2024-2029. Sans grande surprise, la Commission européenne prend un virage inquiétant pour l’avenir de nos activités et de nos valeurs. C’est désormais au Parlement européen d’auditionner chacune de ces personnes afin de valider ou non leur nomination au poste de commissaire européen·ne.
La forte présence des forces conservatrices et de droite est préoccupante, car à l’échelle européenne, ces partis sont souvent fermés à notre cause et partagent très peu nos valeurs. Cela soulève des inquiétudes quant à leur capacité à défendre les droits sociaux, l’égalité et la justice climatique, des enjeux qui devraient pourtant être au cœur des préoccupations européennes. Parmi les 27 commissaires proposé·es (un·e par État membre), 12 sont issu·es de partis conservateurs, 5 de partis libéraux, et 1 d’un parti d’extrême droite. De plus, 5 sont qualifié·es d’indépendant·es, mais sont en réalité proches des partis de droite et d’extrême droite. Seul·es 5 commissaires proviennent de partis sociaux-démocrates.
Sur le fond, nous nous inquiétons aussi de la disparition du titre de commissaire aux questions sociales et à l’emploi, et de la nomination de trois commissaires différent·es en charge des politiques migratoires, avec une prédominance des termes « prospérité », « compétitivité » et « sécurité ». Dans les lettres adressées aux commissaires pour définir leurs missions, la présidente de la Commission, Ursula von der Leyen, défend sans détour une vision de l’Europe axée sur la compétitivité, la croissance économique et la sécurité. Chez Emmaüs, ce choix nous alerte, car il promeut une Europe aux frontières toujours plus verrouillées et un modèle économique qui privilégie les grandes entreprises, négligeant ainsi les défis sociaux, les droits humains et les impératifs écologiques.
Quelques points positifs sont tout de même à souligner. La création d’un poste de commissaire dédié à l’économie circulaire, dont une des missions sera de travailler à l’élaboration d’une loi sur l’économie circulaire. La création d’un poste de commissaire à « l’énergie et au logement » fait désormais des questions d’accès au logement une partie intégrante des missions européennes, ce qui n’était pas le cas jusqu’à présent. Enfin, la mise en place d’une stratégie anti-pauvreté est annoncée à laquelle nous tâcherons de prendre part avec nos partenaires malgré un contexte politique peu favorable à la réduction des causes de la misère.
Commission européenne. Crédits : EmDee, CC BY-SA 4.0 https://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0, via Wikimedia Commons