Footez-nous la paix, 2ème édition !
Le sport révèle sa capacité unique à rassembler au-delà des frontières linguistiques et culturelles. Sur les terrains de football dijonnais les 22 et 23 juillet, 128 participant·es européen·nes ont transformé les différences culturelles en richesse collective.
128 participant·es, dont 80% de compagnes et compagnons, issu·es de 21 groupes Emmaüs venus de 9 pays européens… La deuxième édition du Tournoi de football Emmaüs Europe pour la Paix et les Droits Humains a bien été la fête qu’elle promettait d’être, notamment grâce à la communauté Emmaüs Dijon-Norges, co-organisateurs de l’évènement, et en particulier à Virginie ! Au-delà des statistiques, c’est le contenu des ateliers, les moments sur le terrain et les rencontres qui doivent être mises à l’honneur.
Le défi de l’accueil multiculturel et multilingue
Comment faire en sorte qu’autant de participants et participantes se sentent à la maison ? Comment les accueillir et leur offrir des moments de rencontres tout en abordant des thématiques complexes lors d’ateliers et de plénières ?
Ajoutez à cela l’enjeu de la langue, lorsque les trois idiomes officiels du mouvement se heurtent à la réalité du terrain : comment intéresser les compagnes et compagnons ukrainien·nes, roumain·es, portugais, allemand·es qui ne parlent ni français, anglais, ou espagnol ?
Le football : un langage universel
La réponse était simple : réunir tout le monde autour du sport ! « Durant les matchs, beaucoup de choses se jouent : les barrières de la langue tombent, et on se comprenait très bien avec les Ukrainiens et les Bosniens sur le terrain ! » se rappelle Sylvère, responsable à la communauté d’Etang sur Arroux.
Pour certain·es participant·es, comme les compagnons du groupe Caminho e Vida (Porto, Portugal), il s’agissait de leur première rencontre internationale avec d’autres communautés Emmaüs. Ils gardent un souvenir marquant des échanges en plénières et en ateliers, interprétés en espagnol. Le respect et le « pacifisme » qui régnaient sur les terrains de foot les ont particulièrement touchés.
« C’est très important de rencontrer les gens d’autres communautés, de se mélanger entre compagnons et responsables. On a beaucoup appris sur les sujets abordés, grâce aux interprètes » considère Nelson, compagnon à Porto.
Les sujets abordés ?
Le premier jour, la lutte contre les Fake News était à l’honneur, grâce à l’animation des ateliers par nos collègues d’Emmaüs Connect, et une présentation générale par Victor Baysang-Michelin, en plénière. Les participant·es ont pu s’exercer au dessin de presse et à l’analyse de l’information lors de 2 ateliers animés par Cami, dessinatrice de presse.
« Je ne connaissais pas l’existence des Fake News, déclare Aboubakar, compagnon à Emmaüs Étang-sur-Arroux. Les ateliers m’ont permis d’apprendre comment les détecter, et d’être plus attentif sur les réseaux sociaux. »
Le deuxième jour, nous nous sommes interrogé·es sur les mécanismes de la violence, avec un focus sur la vie en communauté, grâce à l’intervention de l’IFMAN : qu’est-ce qui est violent, comment sortir de la violence, comment briser les situations de conflits pour se tourner vers la non-violence ?
Ismail, compagnon à Niort : « Les échanges m’ont beaucoup appris. Une fois rentré à la communauté, j’en ai discuté avec mon responsable. J’ai appris qu’il y a des moyens d’éviter les conflits, en étant ensemble, malgré nos tempéraments différents. (…) Je comprends plus de choses, le fonctionnement de la communauté qui n’est pas forcément celui que tu voudrais… Les ateliers mont permis de comprendre cela : rien ne peut se régler par la violence ! »
Échanges interculturels et moments forts
Louis-Marie, bénévole à Emmaüs-Niort-Prahecq depuis plus de 15 ans, a accompagné Hossein et Ismaël au tournoi. « L’évènement nous a permis d’échanger sur nos cultures différentes, la famille, le rôle du père, la paix, la tolérance… La thématique de la non-violence nous a permis d’évoquer tous ces sujets. On a aussi évoqué les questions liées au racisme durant l’atelier d’Emmaüs International. » Les deux ateliers animés par Nathalie Jobert, Chargée de mission Formation à Emmaüs International, ont permis de laisser les compagnes et compagnons s’exprimer sur leur parcours de vie et de les outiller sur la résolution des conflits au sein des groupes.
« Ça faisait du bien d’être mélangé, de n’avoir aucune barrière entre ‘aidés’ et ‘aidants’ ! » se rappelle Iseult, d’Emmaüs Connect. Elle souhaite reproduire cette approche dans l’antenne parisienne qu’elle s’apprête à rejoindre en septembre.
« Le football a une vraie place, on met nos corps en premier, et les contenus informatifs sont secondaires : on n’est pas dans une rencontre seulement intellectuelle, et ça fait du bien. L’ambiance sur les terrains de foot était incroyable, très festive », et de conclure : « On a de la chance de faire ce travail pour pouvoir vivre cela, ce genre de rencontres donne un sens à ta vie finalement ! »
Vers la troisième édition : retour à Srebrenica (Bosnie-Herzégovine) en 2027 !
L’enthousiasme des participant·es ne faiblit pas. Les échanges ont déjà fait naître des idées pour enrichir la prochaine édition du tournoi de football Emmaüs Europe.
Deux thématiques émergent des discussions collectives pour 2027. La santé mentale représente une préoccupation croissante au sein des communautés. L’interculturalité, quant à elle, s’impose comme un sujet central après l’expérience positive des échanges à Dijon.
Après avoir accueilli la 1° édition de l’évènement en 2023, la Bosnie-Herzégovine accueillera cette 3ème édition en 2027. Ce choix géographique promet de nouveaux défis linguistiques et culturels, tout en perpétuant l’esprit de solidarité européenne qui anime cette rencontre unique.
Découvrez ici les photos de cette édition du Tournoi de Football Emmaüs Europe pour la Paix et les Droits Humains.
