Emmaüs Europe

Le Centre dédié à la mémoire de l’abbé Pierre fête ses 10 ans !

Dans cette maison de Normandie en France où l’abbé Pierre vécut ses dernières années, un espace muséographique est ouvert au public depuis le 22 janvier 2012. Les expositions s’y succèdent mais sa chambre et sa chapelle sont conservées dans leur état d’origine.

Chaque année, une marche commémorative part du Centre abbé Pierre – Emmaüs pour rejoindre le cimetière d’Esteville. L’abbé Pierre est ainsi enterré dans son village d’adoption, tout comme Lucie Coutaz, cofondatrice d’Emmaüs, Georges Legay, premier compagnon et plus de 80 compagnes et compagnons. Les clefs de plusieurs logements construits dans l’année par le Mouvement Emmaüs sont ensuite déposées sur la tombe de l’abbé Pierre.

Cette année nous y commémorerons les 15 ans du décès du fondateur en respectant ces traditions. Mais ce 22 janvier 2022 sera aussi l’occasion de démarrer une nouvelle vie pour ce lieu avec la pose de la première pierre de la future résidence sociale du Centre abbé Pierre-Emmaüs. La maison s’apprête en effet à s’agrandir avec la construction d’un nouveau lieu de vie appelé « pension de famille » comprenant 20 studios destinés à accueillir pour une durée illimitée, des personnes stabilisées, seules ou en couple, ayant connu des parcours d’exclusion sociale ou d’isolement, avec un accompagnement social sur place. L’accueil des premiers résidents aura lieu en janvier 2023.

La journée marquera enfin la poursuite des engagements de l’abbé Pierre avec la présentation du premier rapport mondial sur nos combats contre la pauvreté, qui sera retransmise en direct sur le compte Facebook du CAPE à partir de 19h. Vous êtes invités à participer, sur place ou à distance !

Pour plus d’information : site internet du CAPE

Programme
Actualités France Lutte contre la misère / Solidarité

© Centre abbé Pierre-Emmaüs

Emmaüs Helsinki : une coopérative pour soutenir les migrants roms

Depuis de nombreuses années, Emmaüs Helsinki s’efforce de trouver des solutions pour aider les Roms à obtenir un emploi régulier et un revenu décent, afin qu’ils puissent participer pleinement au monde du travail et qu’ils jouissent des mêmes droits et responsabilités.

Les migrant·es roms en provenance de la Roumanie et de la Bulgarie sont un des groupes les plus vulnérables à Helsinki. Ils viennent en Finlande dans le but de gagner de l’argent pour leurs enfants restés au pays avec d’autres membres de la famille et vivant dans des conditions particulièrement précaires. En Finlande, les migrant·es roms gagnent généralement un maigre revenu en travaillant dans la rue : mendicité, collecte de bouteilles ou vente du journal de rue Iso Numero (l’équivalent du Big Issue anglais ou de L’Itinérant français). Il est très rare qu’un·e Rom trouve un emploi sur le marché du travail finlandais. Au vu de la situation, il nous paraissait essentiel de les aider à participer activement à la société.

En 2017, nous avons fondé une coopérative : Work and Hope. Cette coopérative représente aujourd’hui un véritable bassin d’emploi pour les migrant·es Roms, et plus particulièrement les femmes. Les Roms signent un contrat de travail avec la coopérative, qui se charge ensuite de coordonner leurs missions de travail chez des particuliers ou au sein d’entreprises. La grande majorité des missions sont des missions de nettoyage, mais il existe également des missions de jardinage, d’aide au déménagement, etc. Bien évidemment, la coopérative est en conformité avec le droit du travail et elle respecte la convention collective établie entre le syndicat et l’association patronale.

La mise en place de ce système a connu ses hauts et ses bas. Les potentiels clients doivent se défaire de leurs préjugés. En outre, les différences culturelles, le manque d’éducation formelle, ainsi que le manque de compréhension de la société finlandaise engendrent des difficultés. Nos employé·es ont un passé douloureux, beaucoup vivent encore avec leur traumatisme et nombreux sont ceux qui ont été victimes de discrimination. Ils n’ont pas confiance en les individus et les autorités. Cependant, nous avons accompli énormément de choses ces quatre dernières années et demie. En effet, 40 personnes ont obtenu des missions de travail. Sept personnes travaillent actuellement avec nous. Cinq d’entre elles gagnent suffisamment d’argent pour mener une vie convenable et subvenir aux besoins de leur famille restée au pays. L’un de nos plus grands accomplissements ? Toutes les personnes actuellement employées par la coopérative détiennent une carte d’assurance maladie finlandaise, ce qui leur confère une plus grande sécurité. Nos employé·es ont davantage confiance en eux, ils connaissent désormais leurs droits, et sont prêts à les défendre.

Actualités Défense des droits humains / Migrations Finlande

© Emmaüs Helsinki

Emmaüs en Suède

Entretien avec Charlotte Wester, déléguée nationale de la Suède au Conseil régional d’Emmaüs Europe.

Peux-tu nous raconter les débuts d’Emmaüs en Suède ?

Tout a commencé le jour où une poignée de Suédois·e·s ont entendu parler du travail de l’abbé Pierre. Ils se sont alors rendus en France pour travailler à ses côtés pendant un certain temps. Inspiré·e·s par son exemple, ils ont formé le premier groupe Emmaüs à Lund, dans le sud de la Suède, en 1959. Mais à la différence d’autres pays, les premiers groupes suédois ont surtout cherché à donner de l’espoir aux jeunes adultes en envoyant des volontaires en Inde et en Amérique du Sud.

Près de 50 ans plus tard, une initiative conjointe de certains groupes et personnes, comme Birgitta Göranson Iliste de Swallows Indian Bangladesh et Christer Johansson (président d’Emmaüs Suède), a décidé de rassembler les groupes suédois qui partageaient les mêmes idées au sein d’une même structure. Emmaüs Suède a été créé en 2008 et regroupait dix organisations suédoises, qui travaillaient toutes dans l’esprit d’Emmaüs.

Jusqu’en 2008, certains des groupes membres suédois membres d’Emmaüs International avaient perdu leur lien et étaient moins impliqués dans le mouvement international. Leurs motivations, notamment idéologiques ou pratiques, étaient différentes. Emmaüs Suède a voulu être un réseau et une passerelle au sein du mouvement, que les groupes fassent partie d’Emmaüs International ou non. Aujourd’hui, quatre des neuf groupes suédois sont membres du mouvement international et deux sont membres en probation. Mais nous essayons maintenant de renouer le contact en travaillant avec les Finlandais·e·s sur un cercle d’étude des textes fondateurs d’Emmaüs International avec la présidente d’Emmaüs Europe qui est notre voisine !

Quelles sont les activités menées par Emmaüs en Suède ?

Emmaüs est l’un des principaux acteurs de la collecte de vêtements et d’articles de seconde main en Suède. Nous avons ainsi rassemblé 6000 tonnes de vêtements en 2020. Au total, environ 180 acteurs·rices sont impliquées dans Emmaüs en Suède.

Les groupes suédois avaient l’habitude d’organiser chaque année une vente de solidarité au profit d’Emmaüs International. C’était l’occasion de sensibiliser aux combats du mouvement et de soutenir la solidarité entre les groupes Emmaüs du monde entier. Cependant, ces dernières années et depuis la pandémie, il est difficile d’organiser un événement qui rassemble tout le monde. Chaque groupe a organisé sa propre vente de solidarité. Le point positif est qu’il a été possible de poursuivre ces actions de solidarité.

Les groupes en Suède s’unissent pour défendre les valeurs du mouvement. Par exemple, ils joignent leurs forces pour faire connaître les occupations du Sahara occidental (par le Maroc) et de la Palestine (par Israël). Cette mise en lumière se fait principalement par le biais d’interpellation politique et de campagnes de sensibilisation, comme la rédaction d’articles et de livres invitant au débat et l’organisation d’actions dans nos boutiques. Nous avons également travaillé ensemble sur les questions liées aux migrations et à la mode éphémère (« fast fashion »).

Quels sont les défis auxquels sont confrontés les groupes en Suède ?

Les groupes Emmaüs suédois doivent faire face aux conséquences d’une concurrence accrue, non seulement de la part d’autres organisations à but non lucratif, mais aussi de la part d’entreprises privées qui profitent du marché de la seconde main. Pour certains groupes, la nécessité de redoubler d’efforts dans la collecte de vêtements et d’objets, par exemple grâce au merchandising visuel et au marketing, a parfois été un défi. Une des missions importantes d’Emmaüs Suède consiste à fournir une plateforme pour partager autant de connaissances que possible afin d’unir nos forces et d’être plus efficaces ensemble.

Un autre défi mérite d’être mentionné : comment pouvons-nous, en tant que groupes Emmaüs en Suède, renforcer notre travail sur la réutilisation des objets ? Aujourd’hui, la surconsommation menace notre planète. En tant que mouvement, notre ambition est de proposer une autre façon de consommer qui soit basée sur la réutilisation et la réparation tout en soutenant des actions de solidarité pour aider les personnes dans le besoin. En tant qu’acteurs du domaine de la durabilité, nous devons contribuer à partager nos connaissances et à influencer les débats, notamment sur une mode responsable et raisonnée.

Comment les choses se sont-elles passées depuis la crise sanitaire et comment vous êtes-vous adaptés à la situation ?

Tous les groupes ont souffert de la pandémie et ont eu leur propre façon de s’en sortir. Plusieurs groupes ont consacré une grande partie de leur travail à l’adaptation des boutiques et des organisations aux restrictions. Emmaüs Suède a suivi et s’est mobilisé pour aider les groupes.

Selon Birgitta Göranson Iliste, membre du conseil d’administration de Swallows Indian Bangladesh, son groupe a réussi à adapter son travail axé sur les programmes. Les employé·e·s ont surtout travaillé depuis leur domicile, ce qui a conduit à l’élaboration de nouveaux modes de réunion. Les voyages dans le cadre de leurs stages ont été interrompus et les échanges ont été réalisés en ligne, notamment par le biais de visites d’étude virtuelles et d’exercices numériques. Ainsi, la plupart de leurs travaux ont continué sous certaines formes.

Une mesure importante pour pouvoir s’adapter a été le soutien du gouvernement suédois (et aussi dans certains cas d’autres instances). Depuis que l’épidémie a éclaté, il a par exemple été possible de reporter le paiement des impôts et des aides de l’État, ce qui a fait une grande différence pour beaucoup.

Actualités Suède

Emmaüs Iasi : un ingénieux réemploi de bureaux !

À Emmaüs, nous sommes très forts pour détourner les objets et les réemployer de manière surprenante. Une fois de plus, une idée de génie est apparue : le groupe roumain a construit dans un hangar deux chambres à partir de panneaux et de pieds de bureaux !

Il y a quelques mois, une entreprise a fait don d’un grand nombre de bureaux à Emmaüs Iasi. Plutôt que de les revendre en l’état, ils les ont réemployés pour construire deux chambres pour deux compagnons. Dan, le menuisier, coordonne le projet. Grâce à ces indications, les pièces se dessinent. Les pieds de bureaux sont soudés pour créer l’armature des chambres et les plans de travail y sont fixés pour former la base des murs.

Ces travaux vont permettre de gagner en confort au Belvédère. Ce projet agroécologique du groupe se développe au fil des ans. Depuis son acquisition en 2003, ce terrain a vocation à produire de la nourriture pour la communauté et les animaux. Aujourd’hui, il prend une dimension sociale, commerciale et pédagogique. Des compagnons vont s’y installer et un magasin de seconde main va ouvrir. Le projet comporte aussi une ferme pédagogique à destination des élèves et étudiants, voire des familles.

L’aménagement du bâtiment continu aussi avec Florin, coresponsable du groupe, et son équipe. Les travaux d’électricité avancent et le magasin commence à prendre forme. Viorel et Costel, les deux compagnons qui vont garder les lieux, seront ainsi bien installés !

Actualités Économie circulaire et solidaire / Écologie Roumanie

© Emmaüs Iasi