Emmaüs Europe

Emmaüs International publie son 1er rapport mondial sur ses combats contre la pauvreté

Dans son premier rapport mondial, Emmaüs International fait résonner les voix des plus exclu.e.s, présente des alternatives et des revendications, et lance un nouvel appel contre les causes de la misère.

À l’occasion de la Journée internationale pour l’élimination de la pauvreté, le 17 octobre, Emmaüs International publie « Les voix d’Emmaüs », 1er rapport mondial sur ses combats contre la pauvreté. Un rapport de plus ? Non, un « rappel à l’ordre » ! Car comme l’affirmait l’abbé Pierre, notre fondateur, « il faut que la voix des Hommes sans voix empêche les puissants de dormir ». Fidèle à cette tradition, le Mouvement Emmaüs souhaite donc, plus de 50 ans après sa création, faire entendre ses voix et ses revendications.

Alors qu’on estime que 150 millions de personnes supplémentaires devraient tomber dans l’extrême pauvreté suite à la crise du Covid-19 (source : Banque mondiale), que les modèles de production et de consommation entraînent une dégradation fulgurante de l’environnement et que les souffrances humaines semblent s’accroître, Emmaüs international a souhaité mettre en lumière les solutions proposées par les 425 groupes Emmaüs dans le monde. Au fil de la lecture, vous découvrirez les îlots d’espoir qu’elles constituent pour les personnes exclues, mais aussi pour toutes celles et ceux qui croient en l’existence d’alternatives crédibles au modèle dominant.

Qu’ont en commun les structures Emmaüs du Brésil, d’Inde, de France et des 41 pays où elles sont présentes ? Des exigences et des revendications communes pour lutter contre la pauvreté et l’exclusion. Ce rapport rappelle – car cela semble avoir été oublié – que la pauvreté n’est ni une fatalité ni un phénomène naturel. Il invite les décideurs à s’inspirer des expériences concrètes mises en place par les associations Emmaüs dans le monde et à écouter les solutions qu’elles proposent. Car combattre la pauvreté, c’est transformer le système qui la produit !

Pour découvrir ce rapport et signer notre appel, rendez-vous sur : ourvoicesmatter.emmaus-international.org

Actualités Lutte contre la misère / Solidarité

Emmaüs en Belgique

Entretien avec Julio de la Granja, délégué national de la Belgique au Conseil régional d’Emmaüs Europe.

Peux-tu nous raconter les débuts d’Emmaüs en Belgique ? 

A Vivegnis, dans la banlieue de Liège, William Wauters et ses ami·es se mobilisent dès 1949 pour soulager les populations pauvres de l’après-guerre. Ils retapent des taudis, distribuent du charbon, des vivres et des vêtements. C’est le germe de la première communauté belge Emmaüs-Brasier.

En 1960, l’économie belge se redresse et la situation quotidienne de la population s’améliore. La communauté s’oriente alors vers l’aide aux pays que l’on appelait alors du “Tiers-Monde” et crée le groupe « Terre ». Il porte dès lors des projets à vocation économique permettant d’améliorer durablement les conditions de vie des populations locales. Terre s’éloigne d’Emmaüs dans les années 1990 mais entre-temps l’aventure Emmaüs continue en Belgique !

La communauté ouvrière de Ghlin est fondée en 1957 ainsi que la communauté Emmaüs de Bruxelles. Après le décès de son responsable et à la demande de l’abbé Pierre, la communauté de La Poudrière reprend les rênes de la communauté bruxelloise en 1975. Indépendante du mouvement depuis son ouverture en 1958, elle rejoint ainsi Emmaüs. Dans les années 60, deux autres communautés se développent également à Charleroi : Marchienne-au-Pont et Lodelinsart. Cette dernière cessera finalement ses activités en 2018.

Aujourd’hui, il y a 3 groupes Emmaüs en Belgique : Marchienne-au-Pont (Charleroi), Ghlin (Mons) et La Poudrière avec ses 3 sites (Bruxelles, Péruwelz et la ferme de Rummen). On compte ainsi 4 espaces de vente et plus de 140 acteur.rices du mouvement dans le pays !

Quelles sont les différentes activités et actions menées par Emmaüs en Belgique ? 

En Belgique, les trois groupes Emmaüs sont tous des communautés au sens traditionnel. Au total, 60 compagnes et compagnons y vivent et y travaillent. Nous menons les activités classiques d’Emmaüs de récupération, tri et revente d’objets. Ensemble, les 3 associations collectent environ 1000 tonnes de mobiliers, vêtements et électroménagers par an, dont 70% sont remis en circulation dans les magasins.

La communauté de La Poudrière a également une activité importante dans la ferme de Rummen depuis 1964. Située en région flamande, nous l’avons loué avec l’idée de produire des fruits et des légumes ainsi que d’élever des cochons, des moutons et des poules pour nourrir la communauté. Aujourd’hui, nous produisons chaque année 50 tonnes de pommes, 5000 bouteilles de jus de pommes et aussi des poires et des prunes. Tout est vendu dans nos magasins de Bruxelles et Péruwelz.

Depuis trois ans, nous avons également développé la partie vélo de notre activité à Bruxelles, qui est reconnue par les autorités régionales. Nous avons en effet un atelier de réparation et de vente de vélos ouvert au public 5 jours semaine. La plupart des vélos sont ramassés par la communauté dans les déchèteries communales, puis réparés avant la revente.

Soucieux de l’impact écologique et du coût non-négligeable générés par l’évacuation des déchets, la Communauté de Ghlin s’est aussi mise en quête de solutions innovantes. Ayant entamé une démarche environnementale depuis quelques années (récupération de l’eau de pluie, isolation, gestion du chauffage, et tout récemment installation de panneaux solaires…), Emmaüs était en recherche d’une filière de valorisation du bois, à l’instar de celles existantes pour les vêtements, les livres, les électroménagers … Un projet novateur a émergé avec la création de Holy-Wood, initié par un collectif engagé et désireux de construire de la valeur sur du bois et du mobilier usagés grâce à un atelier de menuiserie collaboratif, la création de mobilier écodesign et un magasin de produits écologiques.

Au-delà des activités menées localement, plusieurs grandes réunions du Mouvement Emmaüs ont été organisées en Belgique. Par exemple, l’Assemblée mondiale d’Emmaüs International à Namur en 1984, ou encore l’Assemblée régionale d’Emmaüs Europe à Bruxelles en 2009. Ces assemblées générales représentent de grands moments de rencontres, réflexion et de décision de la vie du mouvement.

Quels sont les enjeux actuels auxquels sont confrontés les groupes belges ?

Nos 3 communautés ont plus de 60 ans d’existence, et sont animées par des responsables engagés depuis de nombreuses années dans le mouvement. L’accueil concerne essentiellement des personnes sans papier car il y a de nombreuses aides sociales de l’État et de des communes pour les résidents en Belgique. Celles-ci quittent souvent la communauté une fois leur situation régularisée, plus que ne s’investissent dans Emmaüs comme projet de vie.

Il y a donc un tournant à effectuer pour les trois communautés afin d’assurer une relève dans la gestion des associations.  Cela se profile déjà en partie par la professionnalisation de certains postes (chauffeurs, administratif par exemple) et par des partenariats avec d’autres associations.

Il s’agit notamment de :

  • La maison d’accueil L’Ilôt qui est en partenariat avec Marchienne-au-Pont dans la gestion de la communauté.
  • La Compilothèque, association d’artistes, qui a un partenariat avec la communauté Bruxelles. Ils louent une partie de nos locaux et nous aident dans les activités communautaires.
  • Le parc naturel des plaines de l’Escaut, association environnementale transfrontalière Belgique-France, qui est installé dans les locaux de Péruwelz et qui nous aide sur la partie bois et verger du site de Péruwelz.
  • Le groupe Terre, anciennement Emmaüs, qui nous achète le surplus de vêtements récolté à Péruwelz.

D’une manière générale, il est important de transmettre au plus jeunes certaines valeurs comme le don, l’échange et la fraternité qui sont notamment magnifiquement représentées dans la fresque « L’entraide » de Thierry Coppée, auteur des bandes dessinées « Les Blagues de Toto », créée spécifiquement à l’occasion des 60 ans de la communauté de Ghlin. Depuis 13 ans, la communauté de La Poudrière accueille des chantiers d’été à Péruwelz, en général une dizaine de jeunes pendant les quinze premiers jours du mois d’août. Nous avons aussi à La Poudrière des jeunes du service civil belge par période de 6 mois. Toutes ces initiatives participent donc à initier cette relève !

Comment allez-vous depuis la Covid-19 et comment vous adaptez-vous à la situation ? 

Au cours de l’année 2020 et en partie en 2021, nous avons dû arrêter les ramassages à certains moments. Les magasins ont été fermés, ouverts à moitié ou ouverts complètement au rythme des mesures instaurées par le gouvernement belge.

Pendant le confinement, nous avons donc arrêté nos activités extérieures et développé des activités en interne, comme le nettoyage du magasin, l’environnement et le jardin.  Malgré les difficultés, nous avons resserré nos liens entre nous !

Au niveau économique, nous avons perdu de l’argent, mais nos dépenses ont aussi diminué. A la reprise des ventes, nos clients sont venus régulièrement, ce qui nous a permis d’avoir de bonnes rentrées d’argent à nouveau. Aujourd’hui, les magasins sont ouverts et l’activité a repris normalement.  Du côté d’Emmaüs Ghlin, c’est un peu plus compliqué pour les ramassages chez les particuliers qui ne sont pas toujours possibles pour des raisons de distanciation sociale, mais globalement, la situation dans les communautés est bonne malgré tout !

Actualités Belgique

© Emmaüs La Poudrière

Une laiterie pour permettre aux réfugié·es de se reconstruire

Le FIS-Emmaüs a été créé en Bosnie-Herzégovine en 1999 suite à la rencontre avec Emmaüs International pendant la guerre d’ex-Yougoslavie.

Aujourd’hui, le foisonnement de ses activités en fait presque un « ministère des affaires sociales bis » : accueil des exilé·es sur la route des Balkans, maison de retraite pour les mères des victimes de la guerre, centre de traitement psychologique et gériatrique pour les plus démunis, aide sociale et alimentaire pour les personnes âgées isolées, bourses pour les enfants de familles monoparentales dans les régions rurales, etc…

En tout, ils servent plus de 3000 repas par jour à ces différentes personnes et c’est ainsi qu’ils ont décidé de produire eux-mêmes une partie des produits consommés. Une boulangerie a d’abord été créée qui leur permet d’économiser 1000 euros par mois.

Puis, dans la région très rurale de Doboj, ils ont eu l’idée de faire d’une pierre trois coups en aidant les habitant·es de la région de retour d’exil après la guerre d’ex-Yougoslavie à se réinstaller. Au début des années 2000, ceux-ci avaient reçu des vaches dans le cadre du programme international de retour mais ils ne trouvaient pas de débouchées pour vendre leur lait.  L’objectif était donc de collecter leur lait pour leur permettre d’avoir un revenu et créer de l’emploi local. La production de la laiterie servirait à fournir les yaourts, le beurre, le lait et les fromages dont ils avaient besoin pour leurs activités sociales et d’aide alimentaire et peut-être un jour à dégager un revenu supplémentaire pour financer leurs actions.

La laiterie a été créée en 2007 en partenariat avec la communauté Emmaüs italienne de Villafranca. Aujourd’hui, elle emploie 12 salarié·es et collecte chaque jour 2000 litres de lait auprès des petites fermes environnantes (entre 1 et 10 vaches par ferme). Les premières années ont nécessité des soutiens extérieurs pour équilibrer le budget. Depuis deux ans, la vente dans les circuits commerciaux et les restaurants permet finalement de dégager un petit excédent. Ils ont maintenant des projets d’extension !

Actualités Bosnie-Herzégovine Défense des droits humains / Migrations

Velüs : le vélo qui nous en donne plus

Le vélo est, après la marche, le mode de transport le plus efficace en termes d’environnement et de protection du climat. C’est aussi le véhicule qui apporte le plus de valeur sociale et contribue à une économie équitable. Bref, que des « plus » pour Velüs chez Emmaüs ! Ce projet propose des vélos de seconde main, nettoyés et révisés en parfait état de marche, ainsi qu’un service à la carte pour réparer et prendre soin des vélos dans une logique circulaire, c’est-à-dire en réutilisant les vélos donnés à Emmaüs. Vincent Chapuis, responsable d’Emmaüs Jura, partage avec nous ce projet suisse dans l’air du temps.

Emmaüs Jura a décidé d’utiliser la « Petite reine » pour contribuer à plus de justice et d’égalité. Grâce à des partenariats avec des associations soutenant une mobilité d’avenir et alliés de l’économie sociale et solidaire, nous avons ouvert notre atelier de réparation et « surcyclage », aussi appelé « upcycling », de vélos à Boncourt. C’est Michel, qui nous a rejoint pour devenir « Monsieur Velüs ». Il a monté l’atelier et s’occupe avec beaucoup de dextérité de la remise en état de bécanes, qui ont parfois bien souffert. L’activité ne s’autofinance pas encore complètement. En revanche, elle offre une bonne opportunité de faire connaître Emmaüs à un nouveau public. Par exemple, l’atelier Velüs est sorti de ses murs lors d’événements pour offrir gratuitement de petites réparations ou réglages. Chaque fois, le public a (re)découvert que le vélo, même ancien, est autant utile pour se déplacer que pour créer des liens.

Une marque à développer et un réseau à créer

Dans le canton du Jura, au fond des caves et dans les greniers, ce sont encore deux à trois mille vélos qui attendent de prendre la route ! Nous avons décidé de ne pas nous occuper des vélos à assistance électrique et collaborons avec les marchands de vélos indépendants de notre région. La complémentarité qu’apporte « Velüs » dans ce secteur est appréciée. Notre intention est de développer la marque « Velüs » (les vélos et d’Emmaüs) pour soutenir tout le potentiel social et solidaire du vélo. Nous cherchons des partenaires pour créer un réseau de compétences dans le Mouvement Emmaüs, où de nombreux groupes réparent des vélos. Ensemble, nous pourrions partager non seulement les savoir-faire techniques, mais aussi contribuer au développement d’activités sociales et économiques qui tournent autour du vélo. Pourquoi pas dans toute l’Europe ?

Pour plus d’information: https://emmaus-jura.ch

Actualités Économie circulaire et solidaire / Écologie Suisse

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