Emmaüs Europe

Une laiterie pour permettre aux réfugié·es de se reconstruire

Le FIS-Emmaüs a été créé en Bosnie-Herzégovine en 1999 suite à la rencontre avec Emmaüs International pendant la guerre d’ex-Yougoslavie.

Aujourd’hui, le foisonnement de ses activités en fait presque un « ministère des affaires sociales bis » : accueil des exilé·es sur la route des Balkans, maison de retraite pour les mères des victimes de la guerre, centre de traitement psychologique et gériatrique pour les plus démunis, aide sociale et alimentaire pour les personnes âgées isolées, bourses pour les enfants de familles monoparentales dans les régions rurales, etc…

En tout, ils servent plus de 3000 repas par jour à ces différentes personnes et c’est ainsi qu’ils ont décidé de produire eux-mêmes une partie des produits consommés. Une boulangerie a d’abord été créée qui leur permet d’économiser 1000 euros par mois.

Puis, dans la région très rurale de Doboj, ils ont eu l’idée de faire d’une pierre trois coups en aidant les habitant·es de la région de retour d’exil après la guerre d’ex-Yougoslavie à se réinstaller. Au début des années 2000, ceux-ci avaient reçu des vaches dans le cadre du programme international de retour mais ils ne trouvaient pas de débouchées pour vendre leur lait.  L’objectif était donc de collecter leur lait pour leur permettre d’avoir un revenu et créer de l’emploi local. La production de la laiterie servirait à fournir les yaourts, le beurre, le lait et les fromages dont ils avaient besoin pour leurs activités sociales et d’aide alimentaire et peut-être un jour à dégager un revenu supplémentaire pour financer leurs actions.

La laiterie a été créée en 2007 en partenariat avec la communauté Emmaüs italienne de Villafranca. Aujourd’hui, elle emploie 12 salarié·es et collecte chaque jour 2000 litres de lait auprès des petites fermes environnantes (entre 1 et 10 vaches par ferme). Les premières années ont nécessité des soutiens extérieurs pour équilibrer le budget. Depuis deux ans, la vente dans les circuits commerciaux et les restaurants permet finalement de dégager un petit excédent. Ils ont maintenant des projets d’extension !

Actualités Bosnie-Herzégovine Défense des droits humains / Migrations

Velüs : le vélo qui nous en donne plus

Le vélo est, après la marche, le mode de transport le plus efficace en termes d’environnement et de protection du climat. C’est aussi le véhicule qui apporte le plus de valeur sociale et contribue à une économie équitable. Bref, que des « plus » pour Velüs chez Emmaüs ! Ce projet propose des vélos de seconde main, nettoyés et révisés en parfait état de marche, ainsi qu’un service à la carte pour réparer et prendre soin des vélos dans une logique circulaire, c’est-à-dire en réutilisant les vélos donnés à Emmaüs. Vincent Chapuis, responsable d’Emmaüs Jura, partage avec nous ce projet suisse dans l’air du temps.

Emmaüs Jura a décidé d’utiliser la « Petite reine » pour contribuer à plus de justice et d’égalité. Grâce à des partenariats avec des associations soutenant une mobilité d’avenir et alliés de l’économie sociale et solidaire, nous avons ouvert notre atelier de réparation et « surcyclage », aussi appelé « upcycling », de vélos à Boncourt. C’est Michel, qui nous a rejoint pour devenir « Monsieur Velüs ». Il a monté l’atelier et s’occupe avec beaucoup de dextérité de la remise en état de bécanes, qui ont parfois bien souffert. L’activité ne s’autofinance pas encore complètement. En revanche, elle offre une bonne opportunité de faire connaître Emmaüs à un nouveau public. Par exemple, l’atelier Velüs est sorti de ses murs lors d’événements pour offrir gratuitement de petites réparations ou réglages. Chaque fois, le public a (re)découvert que le vélo, même ancien, est autant utile pour se déplacer que pour créer des liens.

Une marque à développer et un réseau à créer

Dans le canton du Jura, au fond des caves et dans les greniers, ce sont encore deux à trois mille vélos qui attendent de prendre la route ! Nous avons décidé de ne pas nous occuper des vélos à assistance électrique et collaborons avec les marchands de vélos indépendants de notre région. La complémentarité qu’apporte « Velüs » dans ce secteur est appréciée. Notre intention est de développer la marque « Velüs » (les vélos et d’Emmaüs) pour soutenir tout le potentiel social et solidaire du vélo. Nous cherchons des partenaires pour créer un réseau de compétences dans le Mouvement Emmaüs, où de nombreux groupes réparent des vélos. Ensemble, nous pourrions partager non seulement les savoir-faire techniques, mais aussi contribuer au développement d’activités sociales et économiques qui tournent autour du vélo. Pourquoi pas dans toute l’Europe ?

Pour plus d’information: https://emmaus-jura.ch

Actualités Économie circulaire et solidaire / Écologie Suisse

© Emmaüs Jura

Emmaüs en Pologne

Entretien avec Grzegorz Hajduk, délégué national de la Pologne au Conseil régional d’Emmaüs Europe.

Peux-tu nous raconter les débuts d’Emmaüs en Pologne ?

Tout a commencé grâce aux contacts entre les fondateurs des communautés de Lublin et de Nowy Sącz et les représentants d’Emmaüs International, et avec le soutien solidaire de la communauté allemande de Cologne ainsi que des communautés françaises. Ces liens ont permis à ces organisations de rejoindre le mouvement. Emmaüs Lublin a été fondé en 1995. En 1999, une communauté s’est établie à Nowy Sącz, qui, en 2003, a créé une nouvelle communauté à Cracovie – Nowa Huta. Une même association, Emmaüs Brat Albert, gère ces deux sites.

Emmaüs Brat Albert travaille dans l’esprit d’Emmaüs depuis 1999. A l’aide de nombreuses communautés d’Europe, nous avons grandement étendu et modernisé les installations dans lesquelles la communauté Emmaüs est « née ». Nous avons également construit une maison et une ferme à Cracovie. Aujourd’hui, nous travaillons main dans la main pour développer une vie honnête et digne, pour bâtir une société plus juste et pour aider ceux qui sont dans la pauvreté et dans l’exclusion.

Une autre communauté a été fondée en 2007 à Rzeszów. Après quelques problèmes financiers liés à la construction d’une nouvelle maison, cette communauté va désormais de l’avant, grâce au soutien de ses amis d’Emmaüs.

Quelles sont les activités menées par Emmaüs en Pologne ?

Les communautés en Pologne se concentrent sur la collecte et la vente d’articles d’occasion, une des activités traditionnelles d’Emmaüs. Il y a également des ateliers de menuiserie qui offrent leurs services aux clients, et des potagers pour leur consommation personnelle. A Lublin, un restaurant italiano-turc est géré par la communauté, et peut accueillir jusqu’à 75 clients. Pendant le confinement, cela n’était bien sûr plus possible, mais ils se sont adaptés en proposant des plats à emporter. Il existe également un projet de mobilier urbain, en collaboration avec la ville.

Toutes les communautés ont été créées par des compagnons – qui étaient précédemment sans-abri. Aujourd’hui, il y a 16 compagnons à Rzeszow, 34 à Brat Albert et entre 20-30 à Lublin. Au total, cela représente plus ou moins 100-120 acteurs.rices d’Emmaüs en Pologne (compagnons, bénévoles, employés…) En plus des communautés, il y a également les refuges pour sans-abris, en particulier à Brat Albert.

Comment allez-vous depuis la crise sanitaire et comment vous adaptez-vous à la situation ? 

Nous pensions que ça allait être pire, mais du fait du chaos administratif et des directives commerciales contradictoires, nous avons pu continuer à vendre dans nos boutiques. Certains de nos groupes ont également développé des boutiques en ligne, ce qui représente une autre façon de maintenir notre activité. En gros, la pandémie a plutôt épargné les communautés, maintenant tous les membres de nos communautés sont vaccinés, et nous sommes plus optimistes sur l’avenir !

Quels sont les défis auxquels sont confrontés les groupes dans votre pays ?

Le défi principal consiste à maintenir les communautés, et la coopération entre elles. La pandémie a drastiquement limité les contacts directs, mais nous avons essayé de les maintenir aussi souvent que possible. Nous ne sommes pas très riches, et parfois nous avons du mal à maintenir nos liquidités financières à flot, mais nous travaillons constamment sur cet aspect pour garantir le meilleur futur possible aux membres de nos communautés.

Et qu’en est-il de la situation politique du pays ?

La situation politique de notre pays n’est pas très stable. Les populistes de droite au pouvoir depuis 6 ans ont entraîné un taux d’inflation à son plus haut niveau depuis ces 30 dernières années. Ils ont mené le pays dans une impasse en termes de politique intérieure et extérieure ; la corruption et le népotisme flambent. Grâce aux transferts d’argent qu’il effectue, ce parti reste très populaire, et il est difficile de prédire le résultat des prochaines élections. L’influence de l’église catholique sur le pouvoir et la législation augmente. Elle touche surtout aux questions d’éducation et de morale. Les sensibilités nationalistes et xénophobes se réveillent, et une campagne à l’encontre de la population LGBT a été lancée. Les changements chaotiques dans les lois du système judiciaire nous font courir le risque d’être exclus de l’Union Européenne, notre adhésion à l’OTAN devient de plus en plus illusoire, et de nombreux signes semblent indiquer que notre pays est de plus en plus poussé dans les bras de la Russie…

Actualités Pologne

© Emmaüs Krakow

#AbolishFrontex

Une campagne pour abolir l’Agence européenne de garde-frontières et de garde-côtes et mettre fin au régime frontalier de l’Union européenne

Depuis le début de l’année 2021, plus de 740 personnes sont décédées en tentant de traverser la Méditerranée en quête d’un lieu sûr. Le régime frontalier de l’Union européenne les a obligés à emprunter des routes migratoires dangereuses, souvent sur des navires en mauvais état ; il a enrôlé les pays voisins pour les bloquer en chemin ; il les a accueillies avec violence et refoulements ou a refusé de leur porter secours – les abandonnant à une mort en mer.

Frontex est l’Agence européenne de garde-frontières et de garde-côtes qui se trouve au cœur de cette violence. Au cours des derniers mois, une série d’enquêtes menées par des journalistes et des groupes de défense des droits de l’Homme ont placé Frontex sous les projecteurs. De nombreuses preuves ont révélé que la force de protection des frontières de l’Union européenne est régulièrement impliquée dans des refoulements et des violations des droits.

La campagne #Abolish Frontex, soutenue par Emmaüs Europe en tant que membre du réseau Migreurop, porte 10 revendications :

  • Abolir Frontex
  • Régulariser les personnes en migration
  • Stopper toutes les expulsions
  • Mettre fin à la détention
  • Mettre un terme à la militarisation des frontières (et au complexe militaro-industriel)
  • Mettre un terme à la surveillance des personnes en déplacement
  • Renforcer la solidarité
  • Mettre un terme au rôle de l’UE qui pousse les gens à se déplacer
  • Liberté de circulation pour toutes et tous
  • Mettre un terme au régime frontalier de l’Union européenne

Pour en savoir plus sur cette campagne internationale et/ou pour vous engager : abolishfrontex.org

Actualités Défense des droits humains / Migrations Union européenne