Exilé·es sur la route des Balkans, s’engager avec les groupes Emmaüs
Rencontre avec Maria Luisa Testori, responsable de la communauté italienne Emmaüs Erba et Conseillère d’Emmaüs International. Elle nous parle de la campagne lancée en Italie pour soutenir les actions menées par Emmaüs en Bosnie sur la route des Balkans.
Emmaüs Italie soutient le groupe bosnien FIS-Emmaüs depuis de nombreuses années, quelle est l’origine de ce lien solidaire ?
En 1992, lorsque la guerre civile a éclaté en ex-Yougoslavie, Emmaüs Italie (suivie plus tard par Emmaüs France et Emmaüs International) s’est mobilisé pour aider les réfugiés dans la région de Vukovar. Après la guerre, nous avons continué à aider les familles réfugiées qui tentaient de rentrer chez elles. A cette époque, la collaboration a commencé avec un groupe, émanation du Croissant Rouge, qui s’est associé à Emmaüs et a pris le nom de Forum de Solidarité Internationale (FIS). Les différentes initiatives réalisées ont été à la base de cette attention particulière portée à la question des migrants.
On entend beaucoup parler du drame migratoire de la route des Balkans, peux-tu nous faire un point sur la situation actuelle ?
Selon les données que Lejla S. du FIS nous a fournies récemment, le nombre de migrants est passé de 29 196 en 2019 à 15 488 en 2021. Cette diminution des transits par la Bosnie est également due à la réouverture de la route Hongrie-Roumanie, comme l’ont signalé les travailleurs sur le terrain. La situation en Bosnie est cependant toujours catastrophique et préoccupante avec l’arrivée renforcée de familles depuis la prise de pouvoir des Talibans en Afghanistan. Le camp de Lipa a été reconstruit après l’incendie de 2020, mais les migrants ne veulent pas s’y rendre, préférant vivre cachés dans des squats dans les bois plus proches de la frontière. Dernièrement, la police, en plus de détruire les camps temporaires, a également interdit la distribution de nourriture à l’extérieur.
Une campagne de soutien a donc été lancée par Emmaüs Italie, peux-tu nous en dire plus ?
Emmaüs Italie est particulièrement sensible au drame migratoire, car notre territoire est très touché par ce phénomène. Le lien historique qui s’est créé avec le FIS nous a fait aller au-delà des actions que certains groupes Emmaüs menaient déjà pour trouver un engagement commun du Mouvement. Dans cette lignée, nous avons lancé une collecte de fonds en 2020, qui se poursuit jusqu’à aujourd’hui. Cette campagne vise à sensibiliser sur ce drame migratoire et à apporter un soutien financier à une action concrète de terrain. Le FIS-Emmaüs aide chaque année des milliers de personnes en exil en leur fournissant des repas, des vêtements ou encore la possibilité de se laver ou de recharger son téléphone. Au quotidien, ils font leur possible pour parer à leurs besoins les plus urgents.
Vous avez soutenu l’édition et la diffusion du livre « The Game », du nom donné aux tentatives de passer la frontière croate. En quoi ce livre représente un important témoignage ?
À un moment donné, notre chemin a croisé celui de Pietro Floridia, un metteur en scène de théâtre, et de Sara Pour, une illustratrice iranienne. En Bosnie, Sara, qui parle farsi, a recueilli l’histoire d’un des nombreux jeunes qui ont tenté « The game » et le témoignage est devenu un livre illustré. En tant qu’Emmaüs Italie, nous avons décidé de le publier car nous sommes convaincus que la culture est aussi une forme d’aide, un langage qui peut atteindre même les plus jeunes.
© Emmaüs Erba