Pays
Politique de non-accueil : l’Europe toujours plus forteresse
Depuis plusieurs mois, l’Union européenne et ses États membres redoublent d’efforts pour accélérer la mise en œuvre du Pacte sur la migration et l’asile (cf. lettre d’info de mars 2024) et durcir la législation européenne. L’objectif est clair : accueillir toujours moins, externaliser toujours plus. (suite…)
Une rencontre pour réaffirmer notre soutien à l’Ukraine
Le 24 février 2025, Emmaüs Europe organisait une rencontre en ligne entre les représentant.es d’Emmaüs Oselya (Lviv, Ukraine) et les acteurs du mouvement en Europe qui souhaitaient avoir des nouvelles du groupe, et mieux comprendre la réalité du quotidien en Ukraine. (suite…)
S’attaquer à la crise des textiles de seconde main
Le secteur des textiles de seconde main dans l’Union européenne est confronté à des défis de plus en plus importants. La sursaturation du marché, l’augmentation des coûts opérationnels et l’afflux de fast fashion de mauvaise qualité menacent les entreprises sociales, la durabilité environnementale et la création d’emplois inclusifs. Sans une intervention rapide, des éléments clés de l’écosystème du réemploi et du recyclage des textiles risquent de s’effondrer.
RREUSE, avec ses membres Emmaüs Europe, Ressources et TESS GEIE, ont cosigné un document d’orientation exhortant les décideurs politiques à agir de manière décisive. Soutenu par Zero Waste Europe, ce document présente des recommandations concrètes, notamment des systèmes équitables de responsabilité élargie des producteurs (REP) et des mesures financières provisoires pour soutenir le secteur jusqu’à ce que des solutions plus solides soient mises en place.
Cet effort commun souligne le rôle essentiel des entreprises sociales dans la gestion durable des textiles et appelle à des politiques qui donnent la priorité à la prévention des déchets et au réemploi local plutôt qu’à l’incinération.
Lire le document d’orientation (uniquement disponible en anglais)Emmaüs Terre, construire et bricoler solidaire !
Avec le lancement d’une briqueterie et d’une recyclerie de matériaux de construction en Bretagne dans l’ouest de la France, Emmaüs Terre innove tout en restant dans la tradition Emmaüs d’accueil et de construction ! Pour en savoir plus, nous avons échangé avec Clarisse, chargée de vie administrative, comptable et communautaire.
Comment est née Emmaüs Terre et l’idée de s’orienter vers la construction ?
L’idée est née de la volonté de l’une des co-fondatrices, Orane, de créer une structure d’accueil soutenue par une activité économique sur le territoire. Cela faisait déjà 10 ans qu’elle accompagnait des personnes migrantes et qu’elle était engagée dans des associations d’accompagnement et de soutien.
Maçonne en terre crue de formation, elle fait partie du Collectif des Terreux Armoricains, un regroupement de professionnels de la construction en terre du Nord-Ouest de la France, principalement des artisans et des maîtres d’œuvre, généralement assez engagés socialement. Un jour, elle leur a demandé quelle activité économique pourrait permettre de soutenir son projet d’accueil et la réponse fut unanime : monter une fabrique de briques en terre crue !
C’était une évidence ! Sa formation lui en avait donné les compétences, et ce type d’activité n’était pas développée. Une vraie demande de production était présente sur le territoire, qui comporte traditionnellement de nombreux bâtis en terre crue, pour éviter aux professionnels de fabriquer leurs propres briques.
Qu’est-ce qui vous a amené à rejoindre le Mouvement Emmaüs ?
L’activité validée, il restait à trouver une structure juridique. Il était important de pouvoir accueillir tout le monde sans restriction. Ce n’était donc pas simple car la plupart des structures ne permettent pas d’accueillir des personnes sans papiers par exemple.
Après de nombreuses réflexions, la solution est apparue dans une librairie ! Un jour, Orane y trouve un livre sur le Mouvement Emmaüs. Cela devient une évidence, c’est le seul modèle qui permet d’accueillir de manière inconditionnelle en France et qui correspond à nos valeurs.
Les premiers liens avec le mouvement se créent, l’activité est lancée en 2021. Le groupe entre en probation en 2022, puis devient membre à part entière en 2024. Aujourd’hui, 9 compagnons sont accueillis par la communauté qui mène de front plusieurs activités, avec une équipe salariée de 5 personnes.
Vous fabriquez donc des briques en terre crue mais vous avez aussi créé une recyclerie de matériaux de construction, est ce que tu peux nous en dire plus sur vos activités ?
La briqueterie solidaire fonctionne bien, il y a aussi d’autres matériaux comme la terre tamisée par exemple, et de la prestation de service en chantier de maçonnerie avec un encadrant technique. On organise des chantiers participatifs pour fabriquer les briques, c’est une ambiance motivante et chaleureuse.
Cependant, cette activité est très saisonnière car le temps de séchage est très long quand il fait froid et humide en hiver. Elle nécessite aussi une certaine capacité physique, ce qui ne correspond pas à toutes les personnes accueillies.
Nous avons donc réfléchi au lancement d’une nouvelle activité : la bricole solidaire ! En 9 mois, Laura, bénévole et membre du CA devenue salariée, a mené une étude d’opportunité et lancé ce nouveau projet de magasin de matériaux : le bric-à-brac du bricolage.
Cette activité a également son volet de prestation de service avec la dépose sélective d’éléments qui peuvent être réutilisés avant destruction ou réhabilitation de bâtiments. Cela est même devenu obligatoire récemment en France et ça le sera bientôt dans tous les pays d’Europe. Nous, on les revend ensuite à la bricole !
Et vous avez encore d’autres projets en réflexion, est ce que tu peux nous en dire plus ?
Ce n’est pas encore possible en termes d’espace mais on a aussi pour projet d’organiser des ateliers de bricolage et réparation, d’avoir un espace avec des outils pour réparer soi-même, etc…
En attendant, on se concentre sur notre projet d’acheter une nouvelle maison pour accueillir les compagnons, et on l’espère des compagnes ! Actuellement, ils sont hébergés dans deux maisons et les conditions ne sont pas évidentes pour pouvoir accueillir des femmes même si c’est aussi un enjeu de mixité et de diversité qui nous tient à cœur. Un financement participatif est d’ailleurs en cours pour ce projet !
On réfléchit à plus long terme à une troisième activité qui permettrait d’accueillir plus de personnes avec moins de capacité physique, plus tourné vers l’humain et le soin : une maison de retraite ou en tout cas de l’accueil de personnes âgées. On est plus loin du bâtiment mais cela reste dans les valeurs d’entraide et de solidarité que nous portons !